Si porter de la fourrure choque de nombreuses personnes, le cuir est souvent considéré comme une matière naturelle, associée aux idées de qualité et de durabilité. Mais l’industrie du cuir, tout comme celle de la fourrure, est à l’origine d’une très grande souffrance animale. Elle est également néfaste pour l’environnement et pour la santé humaine. Nous vous listons aujourd’hui 5 raisons de ne pas acheter de cuir.
1 - Pour les animaux
Les animaux sont les premiers touchés par l’industrie du cuir, car c’est bien de leur peau dont on parle. On pense souvent que le cuir est un sous-produit de l’industrie de la viande : il permettrait alors de “recycler” la peau des animaux qui sont tués pour être mangés. La réalité n’est pas aussi simple : il ne s’agit pas d’un sous-produit, mais du “coproduit” le plus important de l’industrie de la viande. Pour certains animaux, comme par exemple les autruches, le cuir est beaucoup plus lucratif que la viande : c’est donc cette dernière qui devient un sous-produit du cuir. Il peut également s’agir d’une filière bien distincte : les animaux en question ne sont alors élevés que pour leur peau.
Dans tous les cas, acheter du cuir, c’est soutenir les pratiques de l’élevage intensif. Une grande partie du cuir provient de pays en développement comme l’Inde ou la Chine, où les lois de protection animale sont inexistantes ou inappliquées. Les pratiques autour de l’abattage y sont particulièrement violentes et causent des souffrances terribles aux animaux élevés pour leur viande ou leur cuir. La plupart des animaux sont victimes de confinement, de privation, de castration et de maltraitance.
Chaque année, 1 milliard d’animaux sont élevés et tués pour leur peau. Vaches, cochons, chèvres, moutons, ou même chiens et chats : de nombreuses espèces sont touchées. La Chine est le premier exportateur mondial de cuir. La fabrication de cuir de chien ou de chat y est courante. Ces produits sont par la suite vendus sans préciser de quel animal le cuir provient et peuvent être achetés par les consommateurs en toute ignorance.
2 – Pour l’environnement
L’élevage intensif des animaux, viande et cuir confondus, est responsable de 18 % des émissions de gaz à effet de serre, soit plus que le secteur mondial des transports. Il cause également la déforestation : après une enquête de 3 ans, publiée en 2009, Greenpeace affirme que l’élevage bovin est responsable à 80 % de la destruction de la forêt amazonienne au Brésil. A une échelle industrielle, l’élevage consomme énormément d’eau et entraîne la pollution de cette dernière ainsi que des sols, en rejetant des déjections, des antibiotiques, des hormones, des produits chimiques mais aussi des engrais et des pesticides dans la nature. Les ressources utilisées par l’élevage pour obtenir 1 kg de cuir peuvent avoir des répercussions environnementales 20 fois supérieures à celles nécessaires pour produire 1 kg de matières synthétiques telles que le polyester.
Le processus de tannage du cuir est extrêmement polluant : les déchets toxiques issus de ce traitement sont déversés dans les rivières et polluent les nappes phréatiques, provoquant de graves maladies chez les habitants des régions où les tanneries sont nombreuses, comme par exemple le quartier de Hazaribagh à Dhaka, la capitale du Bangladesh. La pollution de la rivière Buriganga, traversant la ville de Dhaka, en témoigne : suite aux déchets toxiques déversés quotidiennement dans l’eau par les tanneries, la vie des poissons et des plantes y est rendue impossible. La pollution de l’eau affecte chaque jour la santé des riverains et des travailleurs.
3 – Pour les conditions des travailleurs
Le tannage du cuir est un processus permettant de rendre la peau d’un animal imputrescible et résistante à l’eau. Il nécessite le plus souvent des matières chimiques toxiques pour la santé des travailleurs et des personnes habitant à proximité des tanneries.
Dans le monde, plus de 80 % du cuir est tanné en utilisant du chrome, produit dangereux pour la santé des employés. L’ONG Pure Earth estime que 16 millions de personnes sont exposées aux dangers du chrome dans le monde, et que 3 millions de personnes pourraient être atteintes de maladies découlant de cette exposition. Cet agent chimique peut notamment provoquer des maladies de peau et des affections respiratoires. De nombreuses études ont démontré le lien entre les cancers du sinus et des poumons et le chrome utilisé en tannerie.
Dans les pays en voie de développement où le tannage du cuir est beaucoup pratiqué, la plupart des tanneries ne fournissent ni équipement de protection ni formation appropriée pour travailler avec des produits chimiques toxiques à leurs employés. Dans ces tanneries, où aucune norme sanitaire n’est respectée, l’espérance de vie des travailleurs ne dépasse pas les 50 ans.
A Hazaribagh, le quartier des tanneries de Dahka, 50 tonnes de produits chimiques sont utilisés chaque jour pour préparer le tannage des peaux. Les habitants et travailleurs vivent au milieu de ces produits toxiques, dans un environnement saturé de chrome, de mercure ou d’arsenic. Lorsque les pluies de la mousson s’écoulent, le mélange inonde le quartier et se déverse dans le fleuve, faisant courir au riverains un danger mortel. Hazaribagh est aujourd’hui considéré comme l’endroit le plus contaminé de la planète. Cette vidéo raconte le quotidien des tanneurs indiens. Ce sont eux qui fabriquent le cuir utilisé dans la plupart des chaussures vendues en Europe.
4 – Pour des achats plus durables
Le cuir étant associé à la qualité, il est vendeur : la demande est aujourd’hui très élevée, ce qui pousse les industriels à produire plus et moins cher. La qualité du cuir que l’on retrouve dans les magasins bas et milieu de gamme est aujourd’hui médiocre. Des alternatives semblables au cuir existent, ayant une qualité et une résistance supérieure.
Les composés chimiques utilisés lors du tannage ne disparaissent pas tout seuls. Le chrome trivalent, utilisé lors du tannage, peut se transformer en chrome hexavalent lors du processus. Il s’agit d’une substance allergisante, pouvant provoquer des démangeaisons ou même de l’eczéma. Des quantités préoccupantes de chrome hexavalent sont régulièrement détectées dans les articles en cuir du commerce. Selon une enquête menée par France 5, 30 % des chaussures en cuir vendues en France contiendraient du chrome hexavalent. Les modèles bas de gamme en comporteraient généralement des quantités importantes. Certaines tanneries veillent à respecter un faible taux de chrome hexavalent dans leur production pour s’assurer de leur non-toxicité, mais elles sont cependant rares. La plupart du cuir contenu dans les chaussures vendues en France provient d’Asie, où la réglementation est insuffisante.
5 – Pour devenir un consom’acteur
Chacun de nos gestes quotidiens a un impact sur le monde qui nous entoure. Choisir de ne pas acheter des produits dont les valeurs ne nous correspondent pas, c’est arrêter de cautionner des pratiques néfastes. On dit souvent que le vote le plus efficace est celui fait avec son portefeuille. Comme disait Coluche : “Quand on pense qu’il suffirait que les gens arrêtent de les acheter pour que cela ne se vende plus”.
Il est aujourd’hui possible d’opter pour des alternatives semblables au cuir sous tous ses aspects, qui respectent les animaux, l’environnement et les travailleurs. La qualité et la durabilité de ces matériaux est semblable à celle du cuir. Choisir d’acheter des produits sans cuir, conçus avec respect, c’est cautionner des pratiques bienveillantes pour les animaux et la planète, et dire non à une industrie néfaste qui cause souffrance et pollution.
N’hésitez pas à le partager pour convaincre votre entourage !